"Emotion rime avec évolution" par Josée Brisette

ÉMOTION RIME AVEC ÉVOLUTION

Lorsqu’on laisse s’exprimer nos émotions, c’est la vie que nous laissons se mouvoir en nous.  Plusieurs personnes pensent qu’être évolué, c’est ne plus ressentir d’émotions.  En fait, c’est plutôt le contraire.  Être évolué, c’est être en mesure de laisser «l’émotion vraie» passer au travers soi, sans résistance, tout en n’alimentant pas celle-ci avec nos pensées.  

 

Qu’est-ce que j’entends par «émotion vraie»?  Parfois, nous avons des résistances face à l’émotion et celles-ci nous amènent à ne pas vivre les vraies émotions.  Par exemple, je vis de la peur et je  me juge comme faible de ressentir cette peur.  Dans un cas comme celui-ci, je peux me mettre en colère, ce qui devient peut être plus acceptable pour moi.  Un autre exemple, une personne dépasse mes limites et ne me respecte pas, ce qui est récurrent chez elle, et je lui dis que ça me fait de la peine alors qu’en réalité je suis en colère.  Encore une fois, une personne peut substituer une émotion pour une autre sous prétexte qu’elle est plus acceptable.  Dans ce dernier cas, beaucoup de femmes peuvent pleurer et dire qu’elles ont de la peine et qu’elles sont blessées alors qu’en réalité, elles vivent de la colère.  Toutefois, comme la colère n’est pas acceptable pour elles, elles ne la ressentent pas et elles la substituent pour de la peine.  Même chose chez les hommes.  Plusieurs hommes vont vivre de la colère alors qu’en réalité ils se sentent coupables, impuissants, blessés ou ont peur, mais comme c’est plus viril de se montrer en colère, ils ont appris à substituer les autres émotions (émotions vraies) par de la colère.  Dans ce sens, ce n’est pas l’émotion vraie qu’ils vivent mais une émotion de substitution.  Ici, je ne veux pas faire de généralisation, parfois ce sont les femmes qui ont de la difficulté à vivre leur peine et les hommes leur colère.  Voyez où vous vous situez. 

 

Différents autres mécanismes peuvent nous amener à ne pas vivre nos émotions.  Nous les appelons des mécanismes défensifs.  On se défend contre notre émotion parce qu’elle nous fait souffrir d’une façon ou d’une autre.  Par exemple, nous pouvons avoir appris à rationaliser.  Donc, c’est la tête qui prend le dessus et l’émotion est bannie.  On peut également refouler ses émotions.  Elles se retrouvent quelque part dans notre corps et peuvent provoquer différents maux physiques, psychologiques ou relationnels.  Nous pouvons également avoir appris à juger, à nier, à banaliser, à projeter nos émotions.  Encore une fois, tous ces mécanismes défensifs nous amènent vers différents maux.  Rappelez-vous la phrase célèbre qui dit: «Tout ce qui n’est pas exprimé en mots s’exprime en maux.»  Donc, si nous nous défendons, nous n’exprimons pas nos émotions et elles risquent de ressortir par différents maux dans notre vie.   

 

Apprendre à vivre l’émotion vraie et à la laisser s’exprimer, c’est apprendre à laisser tomber les  masques et les défensives.  Pour laisser tomber ces résistances, il faut d’abord apprendre à les reconnaître afin de s’arrêter et de faire une introspection pour voir ce qui se cache véritablement derrière cette résistance.  Faire un travail sur soi, avec un thérapeute compétent, afin de guérir nos blessures, nos noeuds de fond et nos croyances limitantes, nous permet également de laisser tomber ces résistances.  Nous devenons de plus en plus vrais et nous résistons de moins en moins à ce que nous vivons et à ce que nous sommes. 

 

Ceux et celles qui cheminent sur la voie de la spiritualité pensent souvent, à tort, que pour être évolué spirituellement il faut arriver à ne plus rien ressentir.  Au contraire, être évolué spirituellement, c’est arriver à ressentir le plus possible l’émotion juste et de la laisser s’exprimer au moment opportun.  Évoluer spirituellement, c’est être vivant à travers l’émotion qui vibre en nous.  C’est ça s’incarner.

 

Jésus s’est incarné.  Il a pris la forme humaine alors qu’il était un être évolué spirituellement.  Il pouvait faire UN avec le Père mais, en même temps, lorsqu’il a vécu de l’angoisse avant sa mort, il l’a laissé s’exprimer sans pour autant émettre de résistance.  Il a dit: «Père si tu le peux, éloigne de moi cette coupe.»  Par la suite, il a ajouté: «Que ta volonté soit faite.»  Lorsqu’il a fait une colère dans le Temple, même chose, il s’est affirmé pour défendre une valeur qui lui était chère.  Lorsque son ami Lazare est mort, il a laissé sa tristesse se manifester par des pleurs.  Même si Jésus était un être spirituellement évolué, qui pouvait entrer en contact avec Dieu (le maître en lui), faire des miracles, opérer des guérisons, il faisait tout cela à travers le fait de se vivre pleinement dans son humanité (corps et émotions).

 

Lorsque nous avons fait un certain ménage intérieur, nos émotions étant plus ajustées, elles ne sont pas aussi présentes ou le sont différemment.  Il y a des choses auxquelles nous ne réagissons plus parce que nous ne les alimentons plus avec notre mental.  Les maîtres spirituels nous disent principalement d’apprendre à arrêter nos pensées, à faire le vide.  Pourquoi?  Tout simplement parce que le fait de ne pas alimenter nos pensées nous évite d’alimenter certaines émotions souffrantes.  Toutefois, lorsque l’émotion est juste (vraie), qu’elle n’est pas alimentée par le mental, elle a tout simplement besoin d’être ressentie, vécue et exprimée.  C’est à travers notre parcours d’évolution que nous apprenons à discerner si notre émotion est alimentée par le mental ou non.  

 

N’oubliez jamais, nous ne sommes pas que des êtres spirituels, nous sommes également des êtres humains et nous devons composer avec cette réalité.  Tenter de fuir ce que nous sommes comme humain (corps, émotions, mental), c’est se condamner à ne jamais trouver son équilibre et à rester mal quelque part au fond de soi.  Du moins, c’est ce que je crois profondément et c’est ce que mon expérience personnelle m’a prouvé. 

 

JOSÉE BRISSETTE

 
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